
« Si Sonko refuse de comparaître, il sera traqué, cueilli et jugé par force » Le fait que le leader de PASTEF laisse planer le suspense par rapport à sa comparution dans l’affaire Sweet Beauty n’est pas du goût de Lat Diop. Dans cet entretien accordé à Vox Populi, le responsable «apériste » à Guédiawaye et Directeur général de la Loterie nationale sénégalaise (LONASE) met en garde Ousmane Sonko contre tout refus de comparaître.
« Si Sonko refuse de comparaître, il sera traqué, cueilli et jugé par force », tonne-t-il.
Quel commentaire faites-vous du renvoi d’Ousmane Sonko devant la Chambre criminelle dans le cadre de l’affaire Sweet Beauty ? Je n’ai pas de commentaire à faire sur la décision qui a été prise par le Doyen des juges d’instruction. Mais, j’aimerais préciser que nous sommes dans un Etat de droit où chaque citoyen a le droit de se prévaloir de l’application de la règle de droit. C’est différent de l’Etat de police où le droit qui existe sert uniquement à l’usage interne de l’administration. Nous sommes dans un Etat de droit où nul n’est au-dessus de la loi. Ousmane Sonko a été renvoyé devant la Chambre criminelle. S’il est un bon citoyen, il devrait aller répondre sans tambours ni trompettes. Maintenant, il appartiendra à l’Etat du Sénégal de prendre toutes ses responsabilités pour que le droit soit appliqué. Il ne faut pas qu’il y ait des passe-droits. Je crois que l’Etat a déjà pris toutes les mesures et dispositions nécessaires pour que le droit soit dit et bien dit dans l’affaire qui oppose Ousmane Sonko à la jeune masseuse Adji Sarr.
Cultivons la paix et la concorde. Et laissons la justice faire son travail.
Mais, jusqu’à présent, le leader de PASTEF n’a pas confirmé qu’il allait comparaître, laissant planer le suspense…
Ousmane Sonko va comparaître de gré ou de force. Nul n’est au-dessus de la loi. Il faut que cela soit très clair. Si Sonko refuse de comparaître, il sera traqué, cueilli et jugé par force. Parce qu’il n’est pas question qu’un justiciable puisse défier impunément la justice. Il n’a qu’à choisir : soit il va se présenter devant la barre de manière volontaire, ou bien il y sera contraint. Que les Sénégalais sachent qu’en cas de résistance de sa part, tout ce qui adviendra sera uniquement de sa faute. Je l’appelle à la raison. Je pense même que l’Etat du Sénégal doit communiquer dans ce sens pour que les Sénégalais soient édifiés sur le fait que tout ce qui se passera, au cas où Ousmane Sonko refuserait de comparaître, lui sera totalement imputé. Je le répète, si Ousmane Sonko ne répond pas à la justice, il sera amené au tribunal par la force pour être jugé.
Que vous inspirent les menaces d’Ousmane Sonko qui évoque la réédition des évènements de
mars 2021 ?
Il doit cesser de rêver debout. Qu’il cesse ses enfantillages. Ousmane Sonko se trompe de contexte et d’époque. Ce qui s’est passé au mois de mars 2021 n’a rien à voir avec l’affaire qui l’oppose à la jeune masseuse Adji Sarr. La Covid-19 et le couvre-feu avaient provoqué un ras- le-bol dans le pays. Certaines populations qui avaient des difficultés pour joindre les deux bouts s’étaient révoltées. Aujourd’hui, les Sénégalais savent que cette situation est derrière nous. Et ils savent ce qui relève du droit et de la politique politicienne. De toutes les façons, l’Etat prendra toutes ses dispositions pour sécuriser les personnes et les biens. L’Etat fera face à toutes les tentatives de déstabilisations. Il est inconcevable que, dans une République, une personne, quel que soit son statut, refuse de déférer à la convocation du tribunal. Cela est impensable et serait inadmissible. Si Ousmane Sonko réussit à se soustraire à la justice, ce serait la fin de la République. Tous les Sénégalais seraient en danger. Force doit rester à la loi, mais surtout à l’Etat. Ousmane Sonko est un justiciable comme tout le monde. Il va comparaître de gré ou de force. Pour ceux qui menacent et qui promettent du sang et du feu, je
leur demande de savoir raison garder. L’Etat et les citoyens sont prêts à défendre la République contre toute forme d’agression. Il ne s’agit pas aujourd’hui de défendre le Président Macky Sall ou l’Alliance pour la République. Il s’agit de défendre la République qui
est en danger. Les fondamentaux qui garantissent notre vie en communauté sont en train d’être mis en danger par une minorité d’irresponsables. Jusqu’à preuve du contraire, Macky Sall est majoritaire dans le pays. Nous n’accepterons pas qu’une minorité veuille mettre le pays à feu et à sang. J’ai même entendu des gens dire qu’ils sont en train de répertorier les adresses des maisons des responsables du pouvoir. Qu’ils sachent que nous aussi, connaissons leurs adresses. Ils n’habitent ni en Gambie ni en Mauritanie. Nous ferons face.
Le débat sur le 3e mandat continue de faire rage. Quel est votre point de vue sur cette
question ?
Sur cette question, ma position n’a pas évolué. Je considère que c’est une question de responsabilité. Si le président de la République, Macky Sall, considère qu’il n’a pas le droitd’abandonner ce pays, de laisser les Sénégalais à eux-mêmes, de laisser le pays entre des
mains inexpertes et impropres, il doit se présenter en 2024. C’est cela mon intime conviction. La loi permet au Président Macky Sall de briguer un deuxième quinquennat en 2024. Il revient au président de la République de prendre ses responsabilités. Le Conseil constitutionnel, comme il l’a toujours fait, prendra ses responsabilités. Je demeure convaincu que sur le plan du droit, la question de la recevabilité ou non de la candidature de Macky Sall ne se pose pas. Il y a la jurisprudence Abdoulaye Wade qui est là. Et tout le monde sait que le Conseil constitutionnel a déjà tranché cette question. Il a dit clairement au Président Macky Sall que son premier mandat n’est pas régi par la nouvelle Constitution. Tous les Sénégalais le savent. Le moment venu, le Conseil constitutionnel prendra ses responsabilités. Macky Sall a l’obligation de poursuivre son œuvre pour assurer davantage l’émergence et la stabilité du Sénégal. Il y va de l’intérêt du Sénégalais. Maintenant, certains me diront que c’est une question de morale, parce qu’il avait dit que c’est son dernier mandat. Nous savons tous que c’est la situation qui crée l’exception. Nous sommes dans une situation exceptionnelle. Et en politique, il n’y a pas de situation figée. Elle est évolutive. Un homme politique doit pouvoir s’ajuster en fonction des circonstances. Le Sénégal a encore besoin du président de la République, Macky Sall. Il devra prendre toutes ses responsabilités. C’est ce que nous
attendons de lui.
Que pensez-vous du livre de Cheikh Yérim Seck sur la gouvernance du Président Macky Sall ?
Nous sommes dans une démocratie. Cheikh Yérim Seck a le droit de faire un livre et d’exprimer ses idées. Laissons le soin à tous ceux qui le désirent de donner leur point de vue sur la marche du pays. Cheikh Yérim Seck a parfaitement le droit d’émettre ses opinions. C’est pourquoi je n’ai pas compris qu’un simple passage de son ouvrage ait mis certains dans tous leurs états.
Propos recueillis par