
« Grand, je vous invite à la discussion… Si jamais vous privilégiez la confrontation, il n’y a rien de bon dans ce que j’ai vu »
Barthelemy Dias a offert sa médiation au Président Macky Sall pour le dégel du climat politique tendu. Dans un entretien avec Seneweb, ce jeudi, le maire de Dakar s’est montré alarmiste sur les conséquences d’une éventuelle confontation qui serait « incontrôlable ».
« Si le Conseil constitutionnel valide la 3e candidature de Macky Sall, ce n’est pas la fin du monde au Sénégal. Cela veut dire que ne va
s’entretuer pour ça. Si le Président Macky Sall veut forcer un 3e mandat, il va installer le pays dans la tension. Parce que si ça devait être le cas, quelle serait l’utiité de la Constitution, de la justice ? » C’est la lecture de barthelemy Dias, qui a une conception très simple du mandat : « C’est à chaque fois qu’on lève la main pour prêter serment. Combien de fois Macky Sall a-t-il levé la main, une ou deux fois ? », interpelle-t-il, déduisant par la même occasion un mandat de 5 ans du septenat du Président Sall. « Mais il sait qu’il n’a droit qu’à deux mandats. C’est pourquoi je me dis que peut-être, il y a un problème qu’on n’a pas cerné parce que c’est un être humain. Il a des pulsions, il a des sentiments et je rappelle aussi une chose : il peut connaître et ressentir la peur parce qu’il est père de famille et il est chef de parti politique et de coalition. C’est pourquoi je lui dis : grand, je vous invite à la discussion », lance-t-il.
« Président, la solution ce n’est les chars de combat que vous achetez ou les gars que vous recrutez »
Les conditions : « Je ne peux pas parler de Karim Wade parce que je ne le connais pas comme je connais Khalifa Sall. Mais Khalifa Sall a dans ce pays des aînés dont il suit les recommandations. Tout comme Ousmane Sonko qui, je l’espère, fera pareil. Mais il faut qu’on sache ce qu’ils vont concéder. 14 morts, nous ne laisserons pas passer. Ce qu’ils ont fait aussi autour du pétrole, nous ne laisserons pas passer », esquisse-t-il. Et d’ajouter : « Maintenant Macky Sall est un président sortant. Aucun président au Sénégal n’a quitté le pouvoir pour aller en prison. Ça, nous pourrons en discuter, peut-être pour permettre au Président Macky Sall d’avoir une sortie honorable parce que tout de même, pour l’Institution qu’il incarne, il est de notre responsabilité d’éviter que le Sénégal soit pointé du doigt comme un pays à règlements de comptes. » Avant de mettre en garde : « Mais tous les petits voleurs de la République-là, après surtout le rapport de la Cour des comptes, ont intérêt à rendre l’argent, qui ne leur appartient pas. Qu’ils le rendent. » Barthelemy Dias a réitéré qu’il ne se présenterait pas à la Présidentielle de 2024, Khalifa Sall restant son candidat. Problème : son mentor est encore sous le coup de l’inégibilité. « Il n’y a pas de cas Khalifa Sall, il y a un complot Khalifa Sall. Ceux qui ont comploté pour l’écarter n’ont qu’à voir comment
le remettre en selle, c’est tout. D’ailleurs, qu’on laisse Ousmane Sonko en paix et qu’on permette au peuple sénégalais de choisir parmi ses candidats, c’est ça la vérité », assène-t-il, soulignant que la campagne du leader de Taxawu Sénégal a déjà débuté. « Nous n’attendons pas que Macky Sall dise qui est éligible ou non parce que nous serons de la course, c’est ce qui est normal. »
Avec un sourire chargé de mystères, il lâche : « C’est pourquoi j’ai appelé à la discussion. S’il n’y a pas de discussion dans ce pays, vous vous en prendrez à quelqu’un qui ne vous a rien fait, pour faire court. Trop c’est trop, s’il faut perdre, nous perdrions tous parce qu’il ya des choses qu’on ne va pas accepter au Sénégal ! Ça suffit tout de même ! » Après Ousmane Sonko, qui a appelé la veille le Président Macky Sall sur VOA « à revenir à la raison », c’est au tour de Barth : « Président, la solution ce n’est les chars de combat que vous achetez ou les gars que vous recrutez. La solution, c’est que vous acceptiez qu’on se retrouve autour d’une table pour discuter de l’avenir du Sénégal. Parce que si nous ne discutons pas, nous allons à l’affrontement. Et si Macky Sall ne le conçoit pas, je le lui dis ainsi : nous sommes plus nombreux, plus forts et plus courageux », estime-t-il, s’emmitouflant dans le manteau du petit-frère qui s’adresse à son grand-frère. « J’ai connu Macky Sall dans un autre monde », assure-t-il. Je vous appelle à la discussion. Si jamais vous privilégiez la confrontation, il n’y a rien de bon dans ce que j’ai vu, et le pays ne pourra pas le supporter sauf si l’armée s’en mêle. Mais ni la Police ni la Gendarmerie ne pourront le contenir, je le dis à haute voix », insiste-t-il.
« Il faut mettre la balle à terre et appeler au dialogue »
« C’est vous que Dieu a choisi comme président du Sénégal. Nous prions Dieu de vous faire revenir à la raison, il faut apaiser le climat », martèle-t-il, à nouveau. « Tout le monde a vu ce que Macky Sall a fait passer par le Port, mais il n’a pas vu ce que j’ai vu. C’est pourquoi je l’invite à la discussion parce qu’il risque d’y avoir beaucoup de morts. Le pays ne pourra pas supporter tout le sang qui sera versé ici. (…) C’est pourquoi je dis que j’ai connu un homme et je ne lui souhaite pas cela. » Barth décrit ainsi une situation de chaos qui plane sur le Sénégal dans laquelle personne ne gagnera. « Il n’ira pas au bout de son mandat parce que dans le chaos, tout le monde perd et moi, je n’ai pas envie de perdre. Je suis tout de même né dans ce pays », revendique-t-il, mesurant les conséquences pour la capitale dont il est le maire.
« Si le pays devait s’embraser, Dakar paierait le prix le plus lourd. Macky Sall n’est pas plus informé que moi, ce que je vois, ce n’est pas bon. On parle beaucoup des acteurs politiques. Mais une fois que ça commencera, ils ne pourront pas l’arrêter.
(…) Ce n’est pas gérable. Ce n’est pas ce qui avait arrêté les émeutes de mars 2021 qui pourra l’arrêter parce que la situation est actuellement incontrôlable. Il ne faut pas forcer, il ne faut pas avancer, ce n’est pas bon », suggère-t-il. « Il faut mettre la balle à terre et appeler au dialogue et on va discuter. Ceux qui ont tort présenteront leurs excuses ; que Macky Sall accepte de ne pas être candidat conformément à la Constitution et organise les élections. De notre côté, qu’on accepte que Macky Sall est un président sortant ».
Sans cela, prévient-il, « le Sénégal vivra ce qu’il n’a jamais vécu depuis les indépendances », non sans « exhorter le Président Macky à garder à l’esrpit ce que les guides religieux ont eu à accomplir lors des évènements de mars 2021. Qu’il ait un peu de kersa pour notre père Serigne Mountakha Mbacké parce que si ça éclate cette fois-ci, ce n’est pas bon. »